Méditation du pasteur Jean-Louis Prunier
En ce temps-là, deux mondes s’opposaient brutalement. Ce n’était pas, comme
aujourd’hui, le choc frontal entre deux blocs en Ukraine, l’Orient avec la Russie, L’Occident
avec les Etats-Unis, mais le choc frontal entre les soldats Romains et les intégristes zélotes en
Palestine. Vous le constatez, le monde change mais pas les humains qui, eux, ne changent
guère.
C’est ainsi que dans ce texte de Luc, pourtant fort court, deux mondes s’opposent.
D’un côté, Luc fait l’inventaire des grands hommes de son époque, un peu comme la
fait notre président de la République, hier soir, dans la cathédrale Notre Dame de Paris : Il y a
L’Empereur Tibère, qui détruira Jérusalem quarante ans après la mort de Jésus ; Ponce Pilate,
dont on connait le rôle dans les évangiles ; Hérode le Grand, le roi qui a fait massacrer tous
les enfants de moins de deux ans, pour éviter que la prophétie n’aie raison et que LE nouveau-
né ne le détrône ; Philippe et Lysannias sont des roitelets qui, comme Hérode, sont alliés aux
Romains et complices de l’exploitation éhontée du peuple Juif. Les grands prêtres enfin, Anne
et Caïphe, installés par l’occupant romain, qui règnent en despotes sur le Temple de
Jérusalem. Ce Grand Temple, dont il ne reste aujourd’hui qu’un fragment de mur, le fameux
« mur des Lamentations », était le lieu le plus sacré des Juifs, qui venaient chaque année à
Pâque y offrir le sacrifice d’un pigeon, d’un agneau, d’une chèvre, en vue d’obtenir le pardon
de Dieu sur leurs péchés de l’année.
Et, en opposition totale à ce tableau décourageant d’un pays occupé, d’un peuple
exploité, d’une nation humiliée par la force brutale et la collaboration des élites, une parole du
Prophète Esaïe retentit : « Préparez les chemins du Seigneur, rendez droit ses sentiers. » Une
parole que tous les juifs, grands ou petits, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, riches ou
pauvres, connaissaient par cœur. Le pire ennemi des Romains en Palestine – et cela les
Romains ne le savaient pas – n’était pas le peuple juif, mais le livre sacré de ce peuple, la
Thora, notre Ancien Testament. Cette Thora était le ciment qui liait tous les Juifs contre
l’occupant et ses collaborateurs, les militaires étrangers et les religieux apostats.
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Ce n’est pas tout. Au milieu de ce texte, une parole centrale se glisse entre l’évocation
politico-religieuse du monde d’alors et la citation bienvenue d’Esaïe : « La Parole de Dieu
parvint à Jean, fils de Zacharie, dans le désert ».
Cette Parole est lourde de sens.
La Parole de Dieu n’interpelle pas les grands de ce monde. Elle se fraye un chemin
jusqu’à ce marginal, ce SDF du nom de Jean, dans le silence de son désert. La Parole que
Dieu nous adresse ne s’entend jamais dans le bruit du monde, dans l’agitation et la
déconcentration. Lorsque nous prions, faisons silence, essayons de faire silence dans ce crane
et ce cœur que nous possédons et qui font tant de bruit. Dans le silence nous entendrons ce
que Dieu a à nous dire, et pour Lui dire, à Lui, ce que nous voulons qu’Il entende.
Et puis le désert c’est aussi la solitude. C’est là que Dieu a rencontré d’autres SDF
avant Jean le Baptiste, comme Moïse ou Elie le prophète. Dieu aime s’adresser aux plus
petits, aux moins voyants, aux plus humbles, et ne leur parle que dans le silence et la solitude.
Notre Dieu n’est pas le Dieu tout-puissant et tonitruant que l’on peut s’imaginer, il est le Dieu
qui murmure au cœur des gens les plus simples, dans le silence et le secret, une parole
d’amour. C’est pourquoi il parle souvent aux enfants !
*
Jean le SDF entend donc la Parole que Dieu lui adresse, et il se met en marche. Il va
dans la région du Jourdain, le grand fleuve, pour « proclamer on baptême de conversion, en
vue du pardon des péchés ».
Tous les mots sont importants.
Jean « proclame ». Il annonce, à voix haute et forte, qu’il est urgent pour nous, ce
baptême de conversion qu’il propose.
Le baptême est une immersion totale dans l’eau. C’est donc une noyade symbolique.
Dans l’eau je meurs, et je me purifie en même temps. Je ressuscite, purifié de tous mes
péchés, en sortant de l’eau. Plus besoin d’aller au grand Temple pour y offrir un sacrifice,
mon ancienne vie est morte et je vis d’une vie nouvelle en Christ. Le baptême de Conversion
que proclame Jean a toujours pour nous la même signification qu’il y a deux mille ans. Il nous
demande de vivre différemment, non plus pour soi seul, en se croyant maître de sa destinée,
mais avec Dieu pour compagnon. Dieu qui, en Christ, devient le maître de notre fugitive
existence.
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Et pourquoi, me direz-vous, faudrait-il faire cette radicale remise en question de notre
vie ? Pourquoi faudrait-il faire une place à Dieu dans notre existence, alors qu’apparemment
nous n’en avons nul besoin ?
Prenons un exemple. Lorsque mon ministère m’a amené à Florac, en Lozère, un
catéchumène m’a affirmé un jour : « Comme mon papa, la chasse est la seule chose qui
compte dans ma vie ». Je ne suis pas chasseur, mais je n’ai rien contre la chasse. Le pasteur
lui a alors rappelé qu’il ne chasse pas seul, mais avec son père et ses frères, que sa mère et à
ses sœurs vont préparer le sanglier qu’il aura tué, et que c’est Dieu qui lui a donné la vie, à
lui, à ses parents, à ses frères et ses sœurs, et au sanglier qu’il mange avec autant de plaisir. Je
crois qu’un vrai chasseur est aussi un vrai croyant qui remercie et glorifie le Seigneur pour
toute cette belle création qui l’entoure et dont il profite.
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Enfin, la conversion – ou le retour vers Dieu – répond à l’urgente nécessité d’obtenir
le pardon de nos péchés.
Ne culpabilisons pas, frères et sœurs. Si nous sommes pécheurs, et nous le sommes
tous, c’est que nous le sommes dès avant notre naissance, sans aucun espoir qu’il en soit
autrement. Nous vivons dans le péché, et la source du péché n’est pas à Mazamet ni alentour,
mais bien dans le fond de notre cœur.
Être pécheur signifie faire du mal à Dieu. Ce mal que nous faisons à Dieu, Dieu
voudrait nous le pardonner, en bon père qu’il est. Car tout père veut pardonner à son enfant le
mal qu’il lui a fait. Mais comment pourrait-il lui pardonner, si son enfant ne lui demande pas
pardon ?
Dieu nous aime comme ses enfants. Il voudrait que nous comprenions bien qu’il est le
seul Dieu, et que chaque fois que nous nous prenons pour dieu, en tournant le dos à notre seul
et vrai Dieu, nous lui faisons du mal.
Je crois que le sens profond de ce texte du jour réside dans cet enseignement :
Dieu, pour nous pardonner, a besoin que nous lui demandions pardon.
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En effet, frères et sœurs bien-aimés, si je demande pardon à Dieu, sincèrement et dans
le fond de mon cœur, Dieu me pardonne, et mon cœur se libère.
D’abord parce que, cette fois, je reconnais la présence de Dieu dans ma vie
quotidienne, un Dieu Père qui pardonne à son enfant qui lui présente humblement et avec un
sincère repentir l’ensemble de ses péchés. Ensuite parce que ce pardon que je reçois,
gratuitement, sans sacrifice au temple ou ailleurs, cette grâce, est vie pour moi.
En définitive nous ne vivons tous que par la grâce de Dieu.
Dieu lui-même est venu en Jésus-Christ pour nous offrir ce cadeau suprême, sa Grâce,
incarnée par un pauvre parmi les pauvres, un homme parmi les humains, un frère parmi ses
frères et ses sœurs, né lors d’une longue nuit d’hiver, il y a bien longtemps …
En ce deuxième dimanche de l’Avent, qui nous rapproche un peu plus du jour
anniversaire de la naissance de Jésus, pensons à cette exhortation de Jean le précurseur :
« Convertissez-vous », ou encore : Demandez sincèrement à Dieu le pardon de vos péchés, et
recevez-le en Christ, recevez dans votre cœur et dans votre vie cette grâce définitive et
absolue d’un Dieu qui vous aime à en mourir, sur une croix.
Jésus-Christ, « plein de grâce et de vérité », vient bientôt !
Amen
Annonces pour la semaine du 8 décembre 2024
- Agapè Animation : à 14h30 Conférence » Généalogie » par Gisèle Camp
Mercredi 11 décembre
- à 18h30 réunion CP/ Agapè à Lagoutine
Jeudi 12 décembre
Dimanche 15 décembre
- à 10h30 culte au temple à St Jacques
- à 15h Spectacle » Marie de Nazareth » au temple de Revel
- à 17h Concert de l’Avent au temple St Jacques de Mazamet