Méditation de Norbert Rouanet
« Zachée sur son arbre perché tenait dans sa main l’espérance »
De tout temps à toutes époques, l’arbre, qu’il soit immense et jaillissant vers le ciel, a
toujours été vu par l’homme comme un symbole fort de la vie.
D’ailleurs dès l’aube de l’humanité, ici ou là à travers les sociétés émergent des dessins,
gravures, peintures, sculptures même, représentant l’arbre de vie.
C’est-à-dire un arbre qui puise son origine et sa force au fin fond de la terre, et s’expose
sans crainte à la nature pour s’élever gracieusement dans les airs.
Ce qui est amusant, c’est que même fixes les arbres par bien des aspects nous ressemblent, à moins que ce ne soit l’inverse.
Certains sont gros, d’autres fins, certains sont droits, d’autres courbés, certains sont
façonnés par le milieu dans lequel ils évoluent, d’autres s’imposent sans peine pour saisir la lumière, certains sont généreux, d’autres ombrageux, certains sont souples, d’autres quelque peu rigides et l’on pourrait continuer longtemps ainsi.
Dans la bible il est aussi régulièrement question d’arbre, l’arbre de vie notamment, ou
l’arbre de la connaissance. Le bois lui-même est évoqué, comme canne ou matériaux de
construction, comme bâton qui unit, comme bâton qui permet de s’appuyer.
Enfin il y a des arbres qui racontent une histoire, comme celle de Zachée.
Certes, à première lecture on peut penser que l’arbre n’est pas l’acteur principal.
Mais il a son importance. Et ce tout simplement parce que l’arbre représente, dans
l’inconscient collectif, ce qui a toujours rejoint le ciel et la terre.
Autrement dit l’humain et le divin. Et c’est exactement ce que va vivre Maitre Zachée sur
son arbre perché. Zachée est un homme parmi d’autres. Un homme qui croit que pour
vivre et profiter de la vie, il faut que la vie soit un profit.
Ainsi devant le besoin des romains d’avoir des collaborateurs, devant son besoin d’avoir
un statut, une place, une notoriété qui lui était sans doute difficile d’obtenir par ailleurs,
Zachée a choisi de devenir percepteur des douanes.
C’est lui qui, à l’entrée de la ville de Jéricho, fait payer le droit d’entrer et impose les
taxes sur les marchandises. Et il le fait avec tant d’ardeur et de passion qu’il devient très
riche très vite, et très vite bien sur détesté par tous.
Il faut dire aussi que Zachée, comme beaucoup, aspire à une vie grandiose, à une
reconnaissance de son être, qu’il n’a pas trouvé ailleurs que dans la richesse, la puissance et l’autorité.
Zachée, petit bonhomme de petite taille, a besoin de vivre comme le plus grand de
Jéricho.
Et je ne sais pas vous, mais moi, côté politique, Zachée petit bonhomme de petite taille, au désir démesuré de gloire et de puissance, me fait penser à quelqu’un d’autre !
Je songe à Napoléon Bonaparte bien entendu, mais nul est besoin de préciser, n’est-ce pas car de nos jours nous pourrions facilement en trouver d’autres ?!
Bref, Zachée s’est donc construit un personnage, une notoriété, une richesse mais pour
autant il ne semble pas vivre heureux.
La première chose qui me fait dire cela, c’est son prénom. « Zachée » veut dire, en hébreu :si j’ai bien lu « celui qui est juste », « celui qui est pur ». Or, dans la Bible, le nom de quelqu’un désigne sa nature profonde.
Nous avons là le drame de Zachée, qui porte un nom qui de prime abord ne lui correspond pas et provoque en lui une déchirure.
Tout le monde l’appelle Zachée (le pur) et tout le monde le tient pour un pécheur délibéré, obstiné, ostentatoire même, car chef des douanes, c’est un peu comme pécheur !
Et c’est ce qui va le conduire à vouloir rencontrer Jésus. Comme tout un chacun, il espère quelque chose que lui-même ne sait probablement pas formuler.
Il espère, d’où le mot espérance du début, il espère pouvoir vivre libre.
Libre du regard qu’il pose lui-même, sur son être, libre du regard que les autres posent sur lui, libre de pouvoir être sans division, sans déchirure intérieure, sans l’épouvantable contradiction du (je rêve d’être ce que je ne suis pas )
C’est un peu comme tous les régimes ou tentatives d’abstinence à toute forme de
dépendance – chocolat, réseaux sociaux, cigarette, petit biscuit, l’apéro etc…,
que l’on accompagne généralement par la petite phrase « je commence demain… »
Zachée aspire à une vie réconciliée avec lui-même, une vie où il n’a pas à dire « je devrais
», mais « je suis ».
De fait il cherche à voir Jésus. Mais pour cela deux choses vont être pour lui un obstacle.
La première c’est la foule qui, sans peut être le vouloir, fait écran entre Jésus et lui, et la
seconde sa petite taille.
Peut-être n’est-ce pas conscient de sa part, mais en effet, la foule, toute absorbée par son
adoration, son espérance et son attente en Jésus, ne permet pas à Zachée, et peut-être à
d’autres, de l’apercevoir, même s’ils le désirent.
La foule fait obstacle, si je peut me permettre c’est un peu comme au festival de canne ou on loue des escabeaux pour que les passionnés puissent voir leur vedette préféré .
.Pour Zachée son désir de voir Jésus est plus fort, et il n’hésite pas à courir en avant, c’est à dire à se projeter, à se donner les moyens d’avoir un pas d’avance, pour arriver à son but.
Ce qui apparaissait comme un défaut, comme trop de zèle, trop d’imagination pour
parvenir à ses fins, est ici une chance pour lui, pour la foule, et pour nous !
Quand le Christ appelle, rien ne peut empêcher celui qui reçoit cet appel de se mettre en
route !
Pas même une foule, pas même le sentiment d’être trop petit.
Zachée, en montant dans son arbre, tente de s’approcher de Dieu par ses propres moyens, plutôt que de laisser Dieu s’approcher de lui.
Si Dieu s’approche de l’humain, c’est parce que Dieu aime l’humain, et il l’aime tel qu’il
est, c’est-à-dire comme promesse, car l’humain est plein de ressources et de possibilités.
Autrement dit, ce n’est pas changer de métier qui rendra Zachée pur, mais changer de
regard sur lui-même et se regarder avec les yeux de Dieu, de Jésus.
Lorsque Jésus invite Zachée à descendre de son arbre, c’est parce que Zachée ne trouvera pas Dieu en voulant s’en approcher de lui-même par ses mérites ou ses propres capacités.
Il trouvera Dieu en l’accueillant dans son humanité, dans sa maison, dans son être, même déchiré. La présence de Dieu n’est pas une chose qui se gagne par la force en s’élevant, en progressant, en se perfectionnant, en se purifiant.
Au contraire, dans l’Évangile, la présence de Dieu se reçoit dans l’humilité, dans la
faiblesse.
Ainsi, la vie nouvelle n’est pas l’art de monter, de s’élever, de prendre de la hauteur, mais
de descendre, retrouver ses racines, ses fondements et ses fondamentaux.
La vie nouvelle n’est pas l’art de fuir le quotidien en se perchant ou en décollant du sol,
mais c’est s’enraciner dans cette humanité aimée de Dieu, pour mieux comprendre le monde et ses réalités !
On ne rencontre pas Jésus entre ciel et terre, mais tout en bas, au sein des foules, parmi les hommes.
On ne se rencontre pas soi-même en cherchant à s’élever, mais en regardant simplement
ce que nous sommes. Amen
Annonces pour la semaine du 23 mars 2025
Les obsèques de Me Lucette Viala ont eu lieu au temple St Jacques le 21 mars
Mardi 25 mars
- À 13h30 Agapè animation: Sortie musée des objets d’Antan de Ronel (Réalmont)
Mercredi 26 mars
- A 14h: CA de la Société d’Histoire du Protestantisme Tarnais aux archives départementales à Albi
- A 16h: Ecclésiole au Refuge
Jeudi 27 mars
- A 15h culte au Refuge
- A 20h30 répétition de la chorale à Rouvière
Samedi 29 mars
- A 10h réunion de l’ACAT à Rouvière
- A 17h concert flûte et orgue à Saint Jacques
- A 19h Raclette des 20-50!
Dimanche 30 mars ( ATTENTION / CHANGEMENT D’HEURE D’ETE)
- A 10h30 Culte unique à Labastide Rouairoux
- A 14h Film à L’Apollo: » Libres »
- A 15h Chorale Castres/Mazamet
Samedi 5 et Dimanche 6 avril:
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Journées paroissiales !!!


Carême protestant

En partenariat avec la Fédération Protestante de France, France Culture, et les éditions Olivétan, la paroisse de l’Eglise protestante unie de l’Annonciation a confié cette année les conférences du Carême Protestant 2025 à Marie-Pierre Cournot, pasteure de l’Eglise protestante unie de Montparnasse-Plaisance.
Elles aborderont le livre de Ruth, « la pourvoyeuse de vie ».
Diffusion radiophonique :
sur France Culture chaque dimanche à 16h00, au micro de Jean-Luc Gadreau,
du 9 mars au 13 avril
ou sur Fréquence protestante le lendemain à 21h45
ou encore en podcast : www.franceculture.fr/emissions/careme-protestant