Culte du 22 décembre 2024

Méditation du pasteur Jean-Louis Prunier

Luc 1, 39-45

 

 

Qu’est-ce qui fait courir Marie ? Qu’arrive-t-il à Elisabeth ? Qu’est-ce que signifie ce texte, usé jusqu’à la corde par 2000 ans de lectures priantes et d’autant de prédications ?

Deux femmes enceintes, qui papotent en tricotant des layettes, cela n’a rien d’extraordinaire. Mais ici rien n’est normal, tout est différent. Nous baignons dans le miraculeux.

 

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Qu’est-ce qui fait courir Marie ? Cette gamine anonyme – à cette époque, toutes les filles de son âge s’appellent Marie – vient de recevoir la visite de. L’ange Gabriel. Cet ange n’est pas n’importe qui, il est le représentant attitré de Dieu. Gabriel lui a annoncé qu’elle aura bientôt un fils, dont la vie sera donnée directement par Dieu, sans intermédiaire humain. Elle sera la mère du Fils de Dieu.

Va-t-elle, comme Jonas, fuir jusqu’à Tarsis devant l’appel de Dieu ? Ce qui la fait courir est-ce le refus d’obéir à Dieu, une fuite éperdue loin de Dieu ? Ce n’est pas cela, elle venait de dire à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi comme tu l’as dit. »

Alors, Marie courre-t-elle pour voir de ses yeux le miracle opéré sur sa vieille parente, dont l’ange lui a dit qu’elle était enceinte de six mois ? Serait-ce de la simple curiosité, de voir de ses propres yeux la vérité des dires de l’ange ? Je ne crois pas. Marie est l’archétype de la croyante, elle a accueilli l’ange sans l’ombre d’un doute, contrairement à Zacharie. Marie n’avait pas besoin de voir pour croire.

En fait, tout simplement, Marie quitte les plaines de Galilée pour aller dans la montagne de Judée visiter sa vieille parente. Elle a besoin de parler de ce qui lui est arrivé. Et puis elle sait aussi qu’Elisabeth a peut-être besoin d’aide, de soins, d’attention, alors que son mari est muet ! Une telle naissance à venir, à la fois première et tardive, peut ne pas se passer sans problème ! C’est donc par respect et sollicitude pour sa parente que Marie se hâte, autant que pour vider son cœur. Marie coure par solidarité familiale et féminine.

Ce qui le prouve c’est la salutation de Marie. Mais il ne faut pas comprendre le mot « salutation » selon le sens que nous lui donnons aujourd’hui. Lorsque nous nous saluons, par une poignée de main, une bise et un mot gentil, nous faisons un acte de communication, courtois et banal. Lorsque Marie salue Elisabeth, il s’agit d’autre chose. La salutation était alors un geste rare, important, un rite d’allégeance, une marque de soumission à un interlocuteur supérieur et louable. Marie salue – peut-être avec une révérence – l’importante épouse du prêtre Zacharie, de la classe d’Abia, la vieillesse devant son jeune âge, et celle qui est au bénéfice d’un miracle divin. Voilà donc une salutation pleine d’un immense respect, on peut imaginer Marie s’agenouiller devant Elisabeth.

 

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Or l’effet de cette salutation provoque un renversement de la situation. Elisabeth reçoit l’Esprit de Dieu, et l’enfant dans son ventre se met à bondir ! Elisabeth se met à crier et, dans un flot de paroles rapides, prononce deux bénédictions et une béatitude.

Le futur Jean Baptiste bondit dans le sein de sa mère, à la présence dans le ventre de Marie de la promesse messianique. Jean le précurseur salue la venue prochaine de Celui dont il ne sera pas digne de délier les lanières de ses sandales.

Quant à Elisabeth, remplie d’Esprit Saint, elle comprend le signe que lui envoie son fils à naître. La scène bascule alors, elle s’inverse subitement et totalement. Marie, cette gamine anonyme, agenouillée devant l’épouse du prêtre, devient l’objet de la vénération de la vielle femme. Elisabeth, du haut de son grand âge, de sa maternité nouvelle et victorieuse, s’agenouille à son tour devant la gamine porteuse de toute son espérance. Grâce à L’Esprit Saint elle voit Celui que porte Marie, et elle reconnait en Lui son Seigneur.

 

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Dans l’émotion, Elisabeth s’exclame : « Bénis sois-tu entre toutes les femmes ! » Elisabeth est au bénéfice d’un miracle, avoir un bébé d’une femme stérile et âgée. Seul Dieu peut faire cela, lui le maître de toute vie. Pourtant Elisabeth n’est pas la seule dans ce cas. Sarah, femme stérile et vieille, a eu Isaac, alors qu’elle n’y croyait plus. Anne, épouse d’Elquana, était stérile aussi mais, par la prière, enfanta Samuel sur le tard. Mais pour Marie tout est différent. Elle est jeune, pas stérile, et n’est pas encore mariée. Le miracle ici est à la hauteur de celui qui va naitre. Ce miracle dépasse en force et en vie tous les miracles de l’Ancien Testament. Le bébé à naitre dans ces circonstances nouvelles et exceptionnelles sera vraiment « grand et appelé Fils de Dieu ». Marie peut être bénie entre toutes les femmes, elle a permis au grand Dieu d’Israël de s’incarner.

Elisabeth bénit une deuxième fois, le fruit du ventre de Marie, ce ventre porteur de l’incarnation de Dieu, porteur du salut des humains.

Et une béatitude clôt le discours d’Elisabeth ; « Heureuse celle qui croit, car ce à quoi elle croit va se révéler ». Marie croyait en Dieu. Elle a cru en sa parole génitrice, elle a accueilli la Parole de Dieu dans son cœur et dans son corps. L’incarnation du Fils de Dieu tient autant d’un acte de Dieu que de l’accueil dans la foi de la part de Marie. Si Marie n’avait pas cru, nous serions restés dans l’Ancienne Alliance, cherchant par la Loi à nous libérer du mal.

 

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Voilà donc deux femmes singulières. Deux femmes qui, de manières différentes, adorent le même Seigneur miraculeux. Toutes deux croient en la naissance prochaine du Fils de Dieu, en germe dans le ventre de Marie.

Pourtant ces deux femmes symbolisent à elles deux une formidable rupture séparant deux mondes différents. Dans la cathédrale de Chartes, un vitrail montre un grand géant débonnaire portant sur ses épaule un petit garçon. Les auteurs ont voulu signifier l’Ancien et le Nouveau Testament, l’Ancienne et la Nouvelle Alliance. Dans la maison de Zacharie, Elisabeth, bénéficiaire d’un miracle connu des femmes d’antan représente à elle seule, femme de prêtre juif, l’Ancien Testament. Marie, qui porte en elle un miracle unique et définitif, représente le Nouveau Testament. Leur rencontre symbolise le passage du relais entre les deux Alliances. Mais comme le raconte le vitrail de la cathédrale de Chartres, nous devons Jésus-Christ aux promesses de l’Ancien Testament. Dans ce texte, le Nouveau Testament surgit de l’Ancien, qui fait allégeance au nouveau à qui Marie donne la vie.

Elisabeth et Marie sont donc les deux piliers fondateurs de l’Église du Christ.

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Or l’Église c’est nous, ici et maintenant, chacun de nous, avec les autres.

Chacun de nous est à la fois Elisabeth et Marie.

Chacun de nous est porteur du Christ, par sa foi, comme Marie

Chacun de nous peut reconnaitre dans son voisin le Christ, comme l’a fait Elisabeth.

Chacun de nous est à la fois béni par son voisin et bénissant son voisin, car chacun de nous est au bénéfice d’une béatitude, le bonheur de croire que viendra bientôt ce qui a été promis.

N’est-ce pas là le message miraculeux de Noël : Que chacun de nous, porteur du Christ, béni par les autres en qui il reconnait la présence du Christ, bénisse à son tour les autres à qui il souhaite tout le bonheur que procure la foi ? N’est-ce pas ainsi que le Christ aime son Église et la prépare à sa naissance prochaine ?

Il vient !

Amen

 

 

 

Annonces pour la semaine du 22 décembre 2024

 

 

Mardi 24 décembre
  • à 15h Veillée de Noël au Refuge
  • à 16h concert de Noël à l’église Notre Dame de la Platé à Castres
  • à 20h Veillée de Noël au temple St Jacques à Mazamet

Mercredi 25 décembre

  • à 10h30 Culte à St Jacques à Mazamet

 

Jeudi 26 décembre

  • à 15h  Culte au Refuge

 

Dimanche 29 décembre

  • à 10h30 culte  unique  à Labastide Rouairoux

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

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