Culte du 2 mars 2025

Méditation du pasteur Jean-Jacques Bonneville

Osée 6, 1-6
Mathieu 9,9-13
Luc 6, 39-42

 

 

« C’est la miséricorde qui me plaît et non les sacrifices », dit Jésus. La miséricorde, un mot peu usuel alors pour le définir je propose une définition en coupant ce mot en deux. Il y a d’abord misère, la misère, et puis corde. Autrement dit la miséricorde c’est une corde pour me tirer de la misère. Quand on parle de la miséricorde, du Dieu miséricordieux c’est parler de l’amour de Dieu, du pardon, de la corde qu’il nous tend pour nous remettre  debout, du salut offert en Jésus-Christ.
En ce jour où nous allons célébrer la Cène, il m’a semblé intéressant de partager avec vous une réflexion sur ce texte de la rencontre de Jésus avec Matthieu le pharisien au cours de laquelle il emprunte à Osée ces quelques mots, c’est la miséricorde qui me plait ou que le veux et non les sacrifices.
Osée n’est pas le plus connu des prophètes, il n’en demeure pas moins que Jésus le cite
pour expliquer son comportement avec Matthieu le péager, devant la réaction
d’incompréhension des pharisiens. Au VIII°s av JC Osée, tout comme Amos, dénonce
l’injustice sociale qui règne en Israël, il condamne la dépravation morale et spirituelle dupeuple. Il s’élève avec vigueur contre Israël qui trahit son Dieu, ce Dieu qui aime son
peuple comme un homme aime la fiancée qu’il s’est choisie. Le message d’Osée est une
lecture de l’histoire du peuple élu sous forme d’un drame d’amour . Il se veut néanmoins témoins des promesses et de la fidélité de Dieu. Il me paraît important d’avoir en tête les circonstances dans lesquelles Osée a prononcé les paroles que Jésus reprendra, « c’est la miséricorde qui me plaît et non les sacrifices ». A un peuple qui n’a plus de vie sociale cohérente, à des hommes qui n’ont plus de morale mais qui continuent à pratiquer des rites pour s’obtenir les bonnes grâces de Dieu, il est dit vos sacrifices me déplaisent, ils ne représentent rien, votre pratique religieuse n’a aucun sens.
De tout temps les hommes ont cherché à acquérir les grâces de la divinité, quelles qu’elles soient, par des sacrifices, des rites, des prières. Pour obtenir quelque chose l’homme pense devoir d’abord donner. Certes les offrandes ne sont plus des êtres humains, mais qu’il s’agisse d’animaux, d’offrandes agraires ou autre, le projet reste le même, obtenir des faveurs, chercher à faire changer le cours des événements, ou se prémunir face à des événements qu’on ne maîtrise pas.
La notion de sacrifice ne concerne pas seulement notre vie religieuse ou spirituelle. Toute société sacrifie une partie de ses membres pour défendre et assurer un système politique ou économique mais nous disons que c’est la démocratie qui veut cela avec une majorité qui fait des choix auxquels la minorité doit se soumettre. Nous mêmes sacrifions de notre temps, de notre argent, de nos loisirs, parfois de nos idées pour obtenir ou réaliser nos objectifs, nos projets. Petits ou grands, il n’y a pas de vie sans renoncement pensons-nous, et ces renoncements sont souvent considérés comme des sacrifices.
« C’est la miséricorde qui me plaît et non vos sacrifices » dit Jésus, autrement dit Dieu ne mesure pas, ne compte pas, ne regarde pas nos vies en fonction des sacrifices que nous avons faits ou sommes prêts à faire. Dieu avait déjà dit cela à son peuple par la bouche du prophète Osée. Comment parvenir à l’entendre aujourd’hui ? Peut-être en regardant plus attentivement ce qui se passe au cours de la rencontre entre Jésus et Matthieu le péager, le collecteur d’impôts, au cours de laquelle Jésus dira: c’est la miséricorde qui plaît à Dieu et non le sacrifice ».
Tout commence par une rencontre. Matthieu fait son métier de collecteur d’impôts. Jésus le voit, s’avance vers lui avec ce naturel, cette simplicité qui nous redit tout au long des textes bibliques que Dieu s’approche de nous, c’est lui qui fait le premier pas, la première démarche. Son appel est toujours le même « suis-moi » quel que soit son interlocuteur. Pas de préalable, pas de question sur la piété, pas de question sur la morale, un appel sans condition pour celui qui espérait cette rencontre comme pour celui qui ne s’y attendait pas.
Un appel que nous pouvons entendre ici, maintenant, toi, suis-moi.
Suis-moi, mais pour aller où ? pour faire quoi ?
Pour aller où ? Jésus invite quelqu’un à le suivre mais dans notre récit c’est pour aller chez celui qu’il a invité. Pas question de se retirer du monde, de l’ordinaire des jours, de partir loin, de tout abandonner. Suis-moi pour aller jusque chez toi. C’est l’ étonnante découverte que nous donne de faire toute rencontre avec le Dieu de Jésus-Christ. Suivre Jésus, c’est l’accueillir chez soi. Avancer avec lui, c’est en faire le compagnon de chaque instant, c’est l’accepter au cœur de sa vie. Le suivre ce n’est pas s’installer le temps d’une rencontre, dans un bien être momentané, c’est accepter qu’il ait une place dans mon existence.
Aller avec lui jusque chez moi, je veux bien, mais pour faire quoi ? pour partager un
repas ! On pourrait espérer une bonne discussion, un bon cours de catéchisme ou de
théologie, non, partager un repas, c’est ce que Jésus va faire chez son hôte. Aucune
question sur la manière dont le repas a été préparé, est-il conforme aux prescriptions
rituelles auxquelles Jésus en vrai juif doit se plier, peu importe.
Aucun préalable pour Jésus mais pour les pharisiens une question se posent car pour eux manger avec un péager, un fonctionnaire de l’état romain, donc un pécheur, est plus que choquant.
C’est à cette remarque que Jésus répond en disant : C’est la miséricorde qui me plaît et non le sacrifice. La miséricorde, c’est ce qui touche au cœur, c’est donc l’amour comme le dira Osée. Ce qui plait à Dieu c’est l’amour et non le sacrifice. Et Jésus manifeste cet amour en partageant un repas avec Matthieu le péager. Le fait de manger ensemble est un signe d’amour un signe d’amitié, de fraternité qu’on soit hôte ou invité. Dans un repas le plus important n’est pas toujours ce qu’on mange, mais le fait de partager, d’être ensemble.
Jésus dit aux pharisiens, le signe de l’amour n’est pas dans le sacrifice mais dans le partage du repas auquel tous peuvent s’inviter et être accueillis.
Pas étonnant dés lors que les repas dans la bible aient autant d’importance depuis la Pâque juive jusqu’à la Cène. Pas étonnant que le ressuscité se manifeste aux disciples au bord du lac et partage avec eux les poissons, pas étonnant que les disciples d’Emmaüs le
reconnaissent au cours d’un repas. L’amour se manifeste par un être ensemble autour d’une table, c’est là que sont rendus visibles les signes du Royaume de Dieu, la paix, l’amour, la joie. Vous comprenez dès lors que Jésus ne nous demande pas, lors de la Cène de renouveler un sacrifice, mais de faire mémoire, de nous remettre en mémoire que la présence de Dieu est manifeste dans la rencontre et le pain partagé où chacun peut et doit se savoir invité, où chacun peut s’inviter.
A travers la rencontre de Jésus et Matthieu le péager, autour d’une table nous est dit la
présence de Dieu auprès des justes et des injustes, le repas a cette vertu de soigner et de
guérir la solitude de ceux qui se trouvent en manque de relation ou d’invitation.

Suis-moi nous dit le Christ et c’est lui qui vient chez nous pour habiter notre vie de tous
les jours, l’ordinaire de nos vies. Ainsi dans le repas que nous allons partager nous vivons la promesse de la présence de celui qui nous a appelé à le suivre. Il vient partager avec nous, il vient guérir nos solitudes, il vient manifester avec nous les traces du Royaume, nous n’avons rien à sacrifier simplement à manifester en étant ensemble autour de la table l’amour que nous sommes invités à vivre et l’acceptation que le Christ soit tout à la fois, celui qui vient vers nous, nous appelle et celui qui s’invite chez nous.

Je crois que cette rencontre de Jésus avec Mathieu, peut nous aider à
comprendre les deux conseils que Jésus nous donne dans le texte de Luc que nous
proposait Parole pour tous ce matin, un aveugle peut-il guider un aveugle sans que les deux s’écrasent contre un mur ou au fond d’un ravin. Suis-moi dit Jésus, marcher à sa suite nous évitera de tomber dans des chemins caillouteux que nous empruntons parfois.
Marcher avec lui c’est renoncer à se poser en juge des autres « qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère, et la poutre qui est dans le tien tu ne la remarques pas » ? ce que la morale populaire a traduit par ne te fie pas trop vite à ton jugement, avant pense à balayer devant ta porte.
Sans nous prendre pour Dieu saurons-nous tendre la main, jeter une corde à celui qui est dans la misère physique, spirituelle ou morale, à celui qui est miné par le jugement des autres, la solitude ou la culpabilité ?
Soyons miséricordieux

 

Annonces pour la semaine du 2 mars 2025

 

 

 

Mardi 4 mars

  • À 14h30 Agapè animation : Voyage en Israël_ De la mer de Galilée à la mer Morte et Massada par Jean-Claude Reberga.

Jeudi 6 mars

  • A 15h culte au Refuge

 

Vendredi 7 mars

  • A 18h Journée mondiale de prière dans les locaux de l’Armée du Salut 9 Rue William et Catherine Booth Mazamet
Samedi 8 mars
  • A 10h Réveil à la foi à Rouvière

Dimanche 9 mars

  • A 9h30 Culte + assemblée générale de la paroisse.

 

Vendredi 14 mars

  • A 18h30 Conférence de printemps à l’auditorium du palais des congrès de Mazamet organisée par l’SHPT.   » Qu’est ce que la Révocation de l’Edit de Nantes a fait à la France et au monde » par Patrick Cabanel, historien du protestantisme français.

 

Carême protestant

 

En partenariat avec la Fédération Protestante de France, France Culture, et les éditions Olivétan, la paroisse de l’Eglise protestante unie de l’Annonciation a confié cette année les conférences du Carême Protestant 2025 à Marie-Pierre Cournot, pasteure de l’Eglise protestante unie de Montparnasse-Plaisance.

 

Elles aborderont le livre de Ruth, « la pourvoyeuse de vie ».

Diffusion radiophonique :

sur France Culture chaque dimanche à 16h00, au micro de Jean-Luc Gadreau,

du 9  mars au 13 avril

ou sur Fréquence protestante le lendemain à 21h45

ou encore en podcast : www.franceculture.fr/emissions/careme-protestant

 

Musée du protestantisme

Invitation au vernissage de l’exposition « Les mots et l’image », le 21 mars 2025 à 18h00:

Fruit d’une collaboration entre l’Artothèque départementale, la Médiathèque départementale du Tarn et le centre d’art contemporain Le Lait, cette exposition vous invite à découvrir une sélection d’estampes, c’est à dire des impressions en plusieurs exemplaires grâce à différentes techniques (sérigraphie, lithographie, gravures…).

De l’Egypte antique, où les mots prenaient la forme d’une image pour exprimer une idée, au XXème siècle, où l’incrustation du mot au sein de l’œuvre se développe dans différents courants artistiques, mot et image sont étroitement liés dans l’histoire de l’art.

Dans cette exposition « les mots et l’image », les mots font partie de l’œuvre en tant que signes et prennent leur place au même titre que la couleur, la forme et le geste.

Les œuvres présentées dans cette exposition font sens avec la collection de l’imprimerie présentée dans le musée. La typographie a aussi une réalité esthétique.

 

 

 

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