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Culte du 19 octobre 2025
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« Rien ne caractérise autant notre vie religieuse que ces images de Dieu fabriquées par
nous. Je pense au théologien qui n’attend pas Dieu parce qu’il le possède, enfermé dans une
construction doctrinale. Je pense à l’étudiant en théologie qui n’attend pas Dieu parce qu’il le
possède, enfermé dans un manuel. Je pense à l’homme d’Église qui n’attend pas Dieu parce
qu’il le possède, enfermé dans une institution. Je pense au fidèle, qui n’attend pas Dieu parce
qu’il le possède, enfermé dans sa propre expérience. Il n’est pas facile de supporter cette non-
possession de Dieu, cette attente de Dieu. Il n’est pas facile de prêcher Dieu à des enfants et à
des athées, et de leur expliquer en même temps que nous-mêmes ne possédons pas Dieu, mais
que nous l’attendons. Je suis convaincu que la résistance au christianisme vient pour une
grande part de ce que les chrétiens, ouvertement ou non, élèvent la prétention de posséder
Dieu et d’avoir ainsi perdu l’élément de l’attente. Nous sommes plus forts quand nous
attendons que quand nous possédons. »
Ces mots ne sont pas de moi, mais du pasteur allemand Paul Tillich, le premier pasteur
expulsé d’Allemagne par le régime nazi en 1933. J’ai choisi cette citation car elle parle de
l’attente, l’attente de Dieu en Christ, l’attente du retour du Christ.
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Ce juge et cette veuve sont deux éléments paroxystiques de la société juive du premier
siècle.
Lorsque Dieu donne les tables de la Loi à Moïse, il ne fait pas ça pour empêcher les
humains de vivre, mais pour leur permettre de vivre ensemble en bonne intelligence. Cette loi
est donc bonne, mais il faut des juges pour juger les infractions. Or notre juge ne juge pas
selon la loi de Dieu, puisqu’il ne la connait pas, qu’il ne connait pas Dieu et méprise l’être
humain.
Face à ce juge injuste, une veuve. Il ne faisait pas bon être veuve en ces temps-là. La
femme dépendait totalement de son mari et de ses fils. Se retrouvant seule, elle n’avait plus
aucune existence légale, comme les enfants, comme les lépreux. Les choses ont-elles
tellement changées quand on voit cette belle révolte des femmes, en Iran il n’y a pas si
longtemps, et partout dans le monde ?
Cette veuve donc n’a rien, n’est rien. Rien d’autre qu’une prière insistante pour obtenir
justice. On ne sait pas qui lui a fait du tort, ni de quel tort il s’agit, mais ce qui compte, c’est
que cette veuve, faible par définition, possède une telle force dans sa prière, dans son attente,
qu’elle finit par faire craquer le juge. Et le juge lui rend justice, non parce qu’il est juge mais
parce qu’elle lui casse les pieds. La prière incessante de la faible veuve a eu raison du juge
fort et injuste.
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Dieu aussi est juge, mais un juste juge, juste au regard de sa Loi. Mais l’être humain,
qu’il aime tant, est en perpétuel infraction face à cette loi. L’humain est pêcheur aux yeux de
Dieu. Notre Dieu a donc deux solutions. Soit éradiquer l’être humain de la surface de la terre,
mais l’expérience du déluge l’en a dissuadé. C’est d’ailleurs pourquoi je ne crois pas à
l’apocalypse nucléaire dont nous menace l’actuel nouveau tsar de toutes les Russie ! Soit
envoyer son fils, son unique, afin que ceux qui croient en lui ne périssent pas, mais aient la
vie éternelle. Jésus-Christ, crucifié injustement par un juge inique, ressuscité par le grand et
bon juge de l’univers, est donc notre bouée de sauvetage, notre salut. Nous sommes graciés,
mais cette grâce a un prix, la foi, il faut y croire.
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Revenons à la veuve, puisque c’est elle que Jésus nous donne en exemple. Or cette
veuve prie sans cesse, sans se décourager. Si le juge indigne finit par lâcher prise, Dieu lui-
même, si on le prie sans cesse, et sans se décourager, ne finira-t-il pas par répondre à notre
prière, lui qui est un juge digne ?
Paul ne cesse pas, tout au long de ses épîtres, de nous prêcher la patience et la
persévérance. Dans l’épître aux Romain il nous dit par exemple : « Soyez joyeux dans
l’espérance, patients dans la détresse, persévérants dans la prière. » (Rm 12, 12)
Nous avons un autre bel exemple dans l’Ancien Testament, de ce qu’est la prière qui
croit en ce qu’elle dit, la prière croyante. Au chapitre 32 du livre de la Genèse, on voit Jacob
au gué du Yabboq, lutter toute la nuit contre quelqu’un qu’il ne savait pas être Dieu. A la fin,
l’inconnu dit : « Laisse-moi, car l’aurore s’est levée » et Jacob répond : « Je ne te laisserai pas
que tu ne m’ais béni. » La prière est donc aussi un combat, une lutte farouche et constante.
Mais, et là je cite Antoine Nouys : « Dans ce combat de la prière, Dieu nous donne des armes.
Ce sont les armes de la veuve, de la pauvreté, du dénuement et de la persévérance. Dans la
prière, nous devons nous appauvrir afin d’être en vérité devant Dieu. »
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La prière au fond, c’est l’expression de notre foi. D’abord je ne prie pas si je ne crois
pas en celui que je prie. Ensuite, quand je fais une prière de demande, il faut que je croie que
ma prière sera exaucée. C’est cela la foi : je crois que ma prière sera exaucée parce que j’ai
confiance en celui qui l’exaucera.
Mais quand je prie le Seigneur en lui disant : « Reviens vite Seigneur Jésus », les 2000
ans de patience de ma prière vont exactement à l’encontre de la patience de Dieu, et cette
prière, comme pour Jacob, devient un combat contre Dieu. La patience de l’homme contre la
patience de Dieu ! C’est Dieu qui gagnera le combat, bien sûr, pour le salut de tous les
humains.
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Nous sommes donc dans le temps de l’attente. Depuis que Jésus est mort et ressuscité,
son Église attend son retour. « Mais le fils de l’homme, dit Jésus, quand il viendra, trouvera-t-
il la foi sur la terre ? » Pierre ajoute : « Il y a une chose en tout cas, mes amis, que vous ne
devez pas oublier : pour le Seigneur un seul jour est comme mille ans et mille ans comme un
jour. Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du
retard, mais il fait preuve de patience envers vous ne voulant pas que quelques-uns périssent,
mais que tous parviennent à la conversion. » (2Pi 3, 14-15a)
Pourtant chacun de nous, chrétiens croyants, est une cellule du grand corps qu’est
l’Église du Christ. Je veux dire que notre histoire personnelle, à nous individus identifiés, a
quelque chose de la vie de l’Église. L’Église attend le retour du Christ mais celui-ci ne
reviendra que lorsque tous les êtres humains seront convertis. Dans notre vie spirituelle, notre
prière inlassable ne devrait-elle pas être : « Jésus, toi dont je sais ta mort pour moi, et ta
résurrection pour mon salut, viens habiter dans ma vie, reviens, pour moi, pour tous … Je
t’attends, nous t’attendons …
Croyez-moi, mes frères, mes sœurs, chacun de nous devrait avoir cette prière d’attente
de Jésus dans son cœur. Et quand nous serons tous convertis, quand la terre entière attendra
avec foi le retour de Jésus, alors Jésus tiendra sa promesse. Il reviendra, et établira pour
toujours et pour tous, le Royaume d’amour et de paix de son père, notre Seigneur Dieu.
Amen
Mardi 21 octobre
Jeudi 23 octobre
Samedi 25 octobre
Dimanche 26 octobre
Dimanche 2 novembre
Au Musée du Protestantisme
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