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Culte du 12 mai 2024
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Matthieu 15,21-28
Bien que le retour du soleil ces jours-ci nous a permis de retrouver un peu de repos, de joie, de
bonheur en famille, seul ou entre amis, rappelons-nous que à quelques centaines de kilomètres de
chez nous, la guerre entre Israël et le Hamas, l’invasion russe de l’Ukraine, des conflits armés de
grande ampleur (Soudan, Somalie, Syrie…) ne sont pas terminés et ne cessent de faire de
nombreuses victimes y compris des enfants. Ce qui est terrible et contraire au droit de l’homme c’est
la fermeture des frontières pour ces étrangers qui tentent de fuir toutes les guerres comme la guerre
civile, économique, climatique…Il s’avère que ces migrants sont mal vus. C’était aussi le cas au
temps de Jésus où les juifs avaient un regard méprisant envers les étrangers Syro-Phéniciens,
Samaritains.
Comment Dieu peut-il supporter ces malheurs et ces cris dans le monde ? Fait-il le sourd ? Et quant
à nous, où est notre responsabilité ? Qu’en est-il de notre foi en Lui, le Dieu Notre Père et Créateur ?
Il est important de rappeler que la Parole de Dieu n’est jamais séparée de la réalité. L’Ancien
Testament atteste l’étroite relation de Dieu avec le peuple d’Israël. C’est par l’histoire de son peuple
que Dieu nous parle et nous conduit comme ses enfants. Dans le NT, le Dieu que révèle Jésus-
Christ est un Dieu tout proche qui se livre au cœur de l’humanité, au cœur de nos combats, de nos
doutes, de notre existence. En Jésus-Christ, s’incarne parfaitement l’amour de Dieu pour le monde
entier. En Jésus-Christ, s’incarne parfaitement la Parole de Dieu, une Parole qui nous relève et met
en marche, nous donne foi, espérance, amour. Et Jésus-Christ nous invite à croire en Dieu qui se
révèle en nous.
La foi est de l’ordre de l’expérience vécue dans une relation de confiance avec Dieu. « Elle est cette
expérience par laquelle nous sommes saisi par une parole, un geste, un évènement, qui nous
raccrochent à la vie et réenchantent notre existence. », dixit Raphaël Picon, théologien et
enseignant-chercheur. La foi est un risque qu’il faut prendre, telle une aventure dans laquelle il faut
oser s’engager sans avoir honte des regards des autres ni peur des obstacles à surmonter.
Nombreux ont fait l’expérience dans la Bible, dans l’histoire du protestantisme : les femmes
enfermées dans la Tour de Constance à Aigues Mortes, Dietrich Bonhoeffer, Martin Luther King…
Dans le texte que nous avons lu, il s’agit de la foi de cette femme cananéenne ou syro-phénicienne.
Ayant été au courant de l’activité de Jésus et de quelques bribes de la foi juive, elle était déterminée
à être entendue et comprise par Jésus pour sauver sa fille tourmentée par un démon. Sa souffrance
et celle de sa fille la poussent à aller jusqu’au bout de son combat en tant que femme et étrangère,
subissant l’impatience et l’incompréhension des disciples, le rejet et le dur propos de Jésus, que l’on ne pourrait minimiser. Face à ces obstacles, la femme invoque le Seigneur avec des cris à haute
voix. C’est son atout pour se faire entendre par ses interlocuteurs. Elle crie avec force comme une
bête féroce. Le verbe crier évoque des aboiements. Et à l’époque de Jésus, les Cananéens étaient
traités de chiens par les Juifs. Malgré le silence de Jésus, elle continue à exprimer sa demande avec
des cries plus intenses « Aie compassion de moi, Seigneur ». Elle sait pertinemment que ses cris
dérangent et irritent Jésus et ses disciples. Mais ce ne sont pas seulement des cris d’agacement, de
colère mais aussi des cris de détresse qui n’attendent qu’un geste de compassion de la part de
Jésus. Du coup, les cris renforcent sa qualité d’animal. Comme dit France Quéré, Jésus fais le sourd
car elle ne parle pas, elle aboie. Et on ne discute pas avec une bête, même pour lui signifier un refus.
« Je n’ai été envoyé qu’aux moutons perdus de la maison d’Israël ».
Mais la femme ne s’arrête pas là, elle insiste de nouveau en se prosternant devant lui. « Seigneur,
viens à mon secours ! ». Se prosterner signifie littéralement « faire le chien couchant ». Mais derrière
cette attitude de respect, de soumission (assise comme un chien) et d’humilité, elle perçoit en Jésus
une lueur de compassion (la messianité du Christ) qui peut chasser son désespoir, quelque chose
qu’elle ne trouve peut-être ni ailleurs ni dans sa terre païenne, couverte d’idolâtrie.
Ensuite, Jésus répond en lui affirmant que le salut de Dieu n’est ouvert qu’aux brebis d’Israël qui sont
en train de s’égarer, et que sa principale priorité est de les rassembler et de leur donner de la
nourriture qui fait vivre. « Ce n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux chiens. ».
Mais cette parole offensante de Jésus ne l’a pas empêchée de réitérer sa demande. « C’est vrai, tu
as raison Seigneur, les chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres… ».
Selon mon interprétation, cette expression demeure le cœur central du récit pour trois raisons. Tout
d’abord, l’expression « C’est vrai, Seigneur » renvoie à une confession de foi. Ce qui signifie aussi
« Oui, je crois que tu es le Seigneur (Sauveur du monde) ». Ensuite, on y trouve la notion de
communauté (composée de femmes et des hommes d’origines et de convictions différentes) à
travers le rapprochement du chien et le maitre partageant le même toit et la nourriture. Et enfin la
confession de foi et la communauté (Eglise) témoignent la pluralité de l’image de Dieu (ce Dieu qui
ne s’enferme pas dans les images que nous fabriquons de lui). Enfin cela appelle l’ouverture du salut
au monde.
Ainsi, Jésus s’est laissé vaincre par le cri de la femme et a rendu hommage à sa grande foi, mais pas
petite comme un grain de sénevé qui peut déplacer une montagne. Jésus abandonne son refus et
change le projet de Dieu (France Quéré). Comme dans la parabole du fils perdu et retrouvé, le père
a transgressé la loi (père prodigue): non à la condamnation mais oui à l’abondance de la grâce.
Pour terminer, nous avons beaucoup à apprendre de la foi et du courage des autres, de cette femme
étrangère, des populations qui traversent nos frontières au prix de multiples difficultés. Alors ne te laisse pas vaincre par les fatalités, continue toujours à croire, à espérer même s’il n’y plus rien à
espérer. Laisse jaillir tes soupirs et tes cris, qui sait, peut-être qu’on t’écoutera. Alors ta vie devient
une source de bénédiction pour les autres, pour le monde.
Amen.
Mardi 14 mai
Mercredi 15 mai
Jeudi 16 mai
Samedi 18 mai
Dimanche 19 mai
Samedi 25 mai Vide maison de la maison Balfet ouvert à tous.
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