Culte de l’assemblée générale de Saint Amans 17/03/ 2024

Méditation par Norbert ROUANET

 

Jean 12, 20-30 

Quoi de plus simple que ce grain de blé qu’un semeur jette à toute volée, avec ses
copains grains de blé, dans une terre préparée pour recevoir les semences et les
porter à se développer jusqu’à une moisson espérée et vitale. Un grain de blé ce
n’est pas n’importe quoi, j’allais dire « n’importe qui » et pour cause, nous en
reparlerons ;

c’est d’abord toute une préparation saisonnière pour les agriculteurs propriétaires
ou leurs ouvriers, c’est un travail rude, difficile, pénible certes, mais à la contrainte
incontournable des différents préparatifs est associée l’attente concrète d’une
récolte à venir, la promesse de granges pleines, présage de pain et donc de vie.

Ce grain de blé a inspiré un pasteur qui lui a consacré 4 méditations « par la plume
et le trait ». J’évoque évidemment le travail artistique et créatif du pasteur Henri
Lindegaard. Et c’est avec lui que je continue ma réflexion qui va me conduire à
endosser le rôle d’un grain de blé. Je paraphrase le pasteur Lindegaard :

– un grain de blé protégé par ses écorces, ainsi, « il peut se conserver longtemps,
mais, en conserve, à quoi sert-il ? »

– un grain de blé jeté en terre. Alors le miracle de la vie devient son lot : « un
double mouvement vers le haut et le bas, vers l’aventure et vers
l’approfondissement »

– – un grain de blé nommé Jésus, « grain d’amour, entré dans les couches
sombres de la violence pour vivre l’amour du Père ».

– un grain de blé d’où jaillissent des épis, et qui porte ses fruits.[1]

Et du coup, quand je me regarde dans la glace, il m’arrive de voir un grain de blé et
en arrière plan, un autre grain, plus grand, plus fort qui me fait signe de le suivre.
Quand je vous disais « quoi », vous voyez, j’aurais bien pu dire « qui »…

Alors, pour le grain de blé la mort devient fondement de vie ; l’ensevelissement,
préparation bénéfique à une fécondation salutaire ; les semailles, annonciatrices
d’une récolte productive. J’aime penser que Jésus voit ainsi sa propre mort pour
laquelle, malgré tout, il prie le Père de l’en exempter si cela est possible. Car,
l’enfouissement dans la terre reste une dure épreuve pour un grain de blé. Et la

pensée de celui que Jésus va vivre dans la torture, l’abandon des siens et
finalement la mort sur la croix fait naitre en lui cette prière à son Père qui trouble
nos cœurs et le sien. Mais il affiche aussi, quoi qu’il en soit, la conviction assurée de
sa résurrection et des bienfaits qu’elle déversera sur « tous les hommes » qu’il
attirera à lui.

Alors, appelez moi « graine de blé ».

– Je veux vivre l’éclatement de mes écorces humaines, sociales, religieuses. Je veux
voir grandir en moi la vie pour mon Dieu, pour mes semblables et pour moi.

– je veux m’implanter dans le terreau d’amour préparé avec tant de soin par le Père
et vitaminé et minéralisé, si j’ose le dire ainsi, par celui qui fut le grain de blé
essentiel : Jésus. Il a ouvert, peaufiné et parachevé le terrain où il savait qu’un jour
je serai semée.

– je veux vivre cette vie de service pour Jésus, pas toujours facile et même parfois
douloureuse, la vie d’un serviteur, d’une servante attachés à un Maître d’exception.
« Là où tu iras, j’irais », disait Ruth à Naomi. Peut-être que si l’on donnait un nom
au grain de blé, il s’appellerait Ruth !

– Je veux, parce c’est pour cela que je suis faite, porter du fruit, ce fruit que l’Esprit
diffuse dans mon cœur dans lequel la loi est écrite comme le prophétise Jérémie, un
fruit célébrissime dont Paul détaille les effets : l’amour, la joie, la paix, la patience,
la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la maitrise de soi[2].

Je laisse la conclusion à Henri Lindegaard qui écrit et illustre si magnifiquement
notre texte dans « la Bible des contrastes », je cite : « Seul, dans sa beauté
parfaite, voici un grain de blé, chargé de vie comme un œuf. Seul, avec ses
protections et ses écorces, replié sur lui-même, sans ouverture. Tellement seul qu’il
ne touche rien, pas même la terre. Ainsi, il peut se conserver longtemps… Mais, en
conserve, à quoi sert-il ?

Sous lui, la terre, étale, sombre, en attente de vie. Elle peut être sans ronces et
sans cailloux ; tant que le grain de blé veut se sauver lui-même, il ne se passe
rien. »

« Il faut que le grain tombe, se laisse couvrir de terre, s’enfonce dans l’obscurité.
Ce qui se produit alors est merveilleux : craquent les écorces, craque le terrain, et

apparait la double spirale de la vie. Un double mouvement, vers le haut et vers le
bas, vers l’aventure et vers l’approfondissement.

Aventure vers le haut : deux feuilles comme deux mains ouvertes pour prier.
Approfondissement : des racines qui s’enfoncent dans les couches horizontales. Il
faut la louange et la présence au monde. C’est la racine qui alimente la feuille, et
c’est la feuille qui permet à la racine de respirer. »

(…) « Chacun doit décider être le grain de blé qui se garde et se regarde beau et
solitaire, ou être le grain qui tombe à terre pour donner du fruit »[3]. (fin de
citation).

Et voilà : Graine blé je suis, ébahie de tous ces épis qui pourraient jaillir de moi,
parfois un, parfois 20, parfois 100…peut être aucun pour moi ?

et toi, combien en porte tu de ses épis ? Amen.

 

 

 

 

 

 

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