Culte du 23 février 2025

Méditation de Norbert Rouanet

Luc 6, 27-38

 

Chers amis ,
Avec ce texte de l’évangile de Luc, nous sommes au cœur de la prédication chrétienne.
Et s’il y a bien un texte de l’évangile qui dérange, c’est bien celui-ci !
Et c’est vrai que j’ai hésité à prendre ce texte du jour , surtout avec l’actualité actuelle .
comment je vais pouvoir m’en sortir avec ce texte qui nous bouscule , nous interroge au
plus profond de nous même .
Alors je me suis fait aider par un texte d’Agnès Adeline Schaeffer.
En effet avec ce texte nous sommes tout de suite pris à parti dès le verset 27 :
« Mais je vous dis à vous qui m’écoutez »….
Évidemment, nous pensons aux personnes de l’époque de Jésus, et nous nous disons,
rassurés : ce n’est pas à nous que Jésus s’adresse mais à celles et ceux qui le suivaient
à l’époque, ses disciples.
Oui, dans un sens, c’est vrai,
mais quand l’évangile est proclamé en public, et plus de 2000 ans après comme c’est le
cas aujourd’hui, alors ces paroles dépassent largement le cercle des élus, pour
s’adresser davantage à chaque personne qui se met en situation de disciple, vous, moi,
aujourd’hui, ici et maintenant.
Les instructions qui suivent sont un résumé on ne peut plus clair sur le fondement de la
morale évangélique.
Et je dis ce terme volontairement.
Je n’ai pas dit « morale chrétienne, un terme qui me parait galvaudé et même réducteur.
La morale chrétienne vise toujours à délimiter, voire à cloisonner, enfermer, à définir ce
qui est bien ou mal, ce qu’il faut faire ou ne pas faire au risque d’être transgressée,
bafouée et nous le savons que trop bien en ce moment.
Et la je parle pour tous ceux qui utilise cette morale pour faire la guerre de l’est à l’ouest
du proche orient à l’extrême orient .
Mais j’ai bien dit la morale évangélique, qui, au contraire, ouvre un champ plus large. Et
qui à mon sens, est l’inverse de la morale chrétienne.
La morale évangélique pardonne là où l’on voulait sanctionner, elle ré-intègre,
là où l’on pensait exclure, elle augmente, là où l’on suggérait réduire.
Elle ressuscite là où la mort fait son œuvre.
La morale évangélique, dans le sens noble du terme, invite à l’abondance.
En tout cas, c’est ce que je comprends aujourd’hui, à partir du texte qui est proposé à
notre méditation.
L’Évangile nous propose encore un renversement des codes dans les rapports humains.
Là où nous attendons une logique, selon notre compréhension humaine des choses,
l’Évangile nous dit autre chose.
Et cette nouveauté nous invite à nous regarder personnellement et à regarder les autres,
autrement.
Dans ce passage de Luc, l’auteur décrit d’abord une situation de réciprocité :
aimer ceux qui nous aiment, faire du bien à ceux qui nous font du bien, prêter à ceux qui
pourront nous rendre, ce sont là les règles d’une économie qui est en vigueur, et qui fera
dire par l’intermédiaire d’un dicton bien populaire…

on ne prête qu’aux riches et pour cause, puisqu’on attend d’eux qu’ils puissent
rembourser leur dette…
Mais Jésus, dans son discours, va plus loin.
Il propose un chemin des valeurs renversées.
Aimez vos ennemis.
Faites du bien à ceux qui vous haïssent…
Si quelqu’un veut ton manteau, laisse-lui aussi ta chemise,
Bénissez ceux qui vous maudissent…
Priez pour ceux qui vous calomnient…
Nous considérons souvent cette page d’Evangile comme trop difficile et trop éloignée de
notre vie. Et nous avons bien raison !
On dirait qu’elle est réservée aux « champions de l’évangile ».
Qui, parmi nous peut se considérer comme un athlète de Dieu, sans fanfaronner ?
Ne risquons-nous pas d’être pris en flagrant délit face à nos propres comportements ?
Nous ne sommes pas la première génération à faire ce constat.
Pour aller plus loin dans notre réflexion, je vous propose, en quelque sorte, « de
reconnaître les faits, voire de les accepter » et ce, en trois étapes :
1ère acceptation : ce qu’il nous faut accepter en premier, c’est de constater que notre
cœur est grand, mais qu’il a des limites.

Ici, dans ce passage de l’Evangile, c’est la même chose. Notre cœur est grand, mais il a
des limites. Notre cœur est sclérosé. Il ne peut pas aimer tout le monde.
Et quand Jésus nous demande d’aimer ceux qui nous font du mal, nous pouvons lui
répondre sans hésiter que déjà nous n’arrivons pas toujours à aimer ceux qui nous
aiment et qui nous font du bien.
Alors que faire avec tous ceux qui nous détestent ?
Et qui nous font souffrir par-dessus le marché ?
La solution de facilité est de les détester tout autant sinon plus !
Mais dans ce cas, on ne dépasse pas le dicton :
œil pour œil, dent pour dent, finalement.
Chers frères et sœurs, que faire quand de telles paroles d’Evangile traversent notre vie,
que penser quand nous découvrons, ô combien, que l’Evangile est si difficile à
comprendre, par rapport à nos comportements, par rapport à la dureté de notre cœur ?

2ème acceptation :
Quand il y a des jours où nous ne pouvons avaler l’Evangile , c’est de se laisser
conduire par d’autres paroles de l’Evangile, qui vont éclairer celles que nous ne
comprenons pas ou plus tôt celles que nous n’acceptons pas, voire, que nous rejetons.
Je vous invite à penser à une attitude de Jésus-Christ au moment de son procès.
Il reçoit une gifle et il ne tend pas l’autre joue, au contraire,
Jésus répond au Romain, en lui disant :
Si j’ai mal parlé, dis-moi où est le mal,
mais si j’ai bien parlé, pourquoi me gifles-tu ?  »
Jésus lui répond sans haine et il amène ce soldat à juger de la propre injustice de son
acte. Autrement dit, Jésus donne à cet homme, les moyens de se changer par lui-même.

C’est peut-être cela, tendre l’autre joue, ou aimer son ennemi.
C’est lui offrir l’occasion de lui faire voir la situation autrement et pour nous,
c’est sortir d’une situation impossible.
Devant des paroles aussi difficiles, l’enjeu est de découvrir qu’il y a un amour plus grand
que nos sentiments, un amour plus large que notre cœur fermé, un amour plus haut qui
voit plus loin que le bout de notre nez.
C’est un amour qui nous dit : je connais tes limites, je connais tes infirmités ,
mais je suis venu partager ton humanité, je suis venu habiter ta demeure intérieure : ton
cœur « .
Et voilà la 3ème acceptation, sous forme d’une question :
Qui est Jésus-Christ pour moi ?
Cette question nous renvoie aussi à l’idée que nous avons de Dieu.
Nous avons souvent une conception « païenne » de Dieu, autrement dit, une conception
non évangélique de Dieu.
Pour être aimés de Dieu, il nous faut être parfaits.
Nous traduisons cette perfection par une attitude sans faille. Ce qui nous emmène
inévitablement dans le perfectionnisme.
La charité, ou l’amour un amour sans condition, c’est l’antidote de notre cœur fermé .
Cet amour qui surpasse tout ce que nous pouvons imaginer, cet amour premier, source
de vie, quand nous nous souvenons que Dieu aime
les bons comme les méchants, que Dieu aime celui que je considère comme mon
ennemi, autant qu’il m’aime. (Luc 6/35).
Ces paroles peuvent nous rendre jaloux , il aime nos ennemis comme nous mêmes .
Et ces paroles là , nous interrogent , nous interpellent au plus profond de nous
Elles ont leur chemin à faire, un chemin en profondeur,
un chemin dans la profondeurs.de nos cœurs .
Et le temps du culte nous permet de descendre au plus profond de nous-mêmes, pour
découvrir que nous pouvons aimer non plus dans la solitude de notre sentiment humain,
mais avec une autre présence en nous, celle de Jésus-Christ, qui aime avec nous, là où
humainement, nous ne pouvons pas aimer tout seul.
Cette présence, nous l’appelons la puissance de l’Esprit-Saint en nous.
En conclusion, pour ce matin,
je vous propose de repartir chez vous avec cinq idées :
Ainsi quand le Christ nous demande d’aimer nos ennemis, il me semble qu’il nous
indique d’abord de prendre une direction opposée à notre comportement spontané.
1) Il nous croit, il nous juge, il nous estime capable de ne pas nous venger, ce qui
n’empêche pas par ailleurs de réclamer justice ou réparation,
(ce qui n’est pas la même chose…)
2) L’évangile nous invite prendre le temps, à ne pas désirer tout de suite un résultat.
3) Aimer ses ennemis
Bien que ce soit écrit dans l’évangile, comme une évidence, aimer ses ennemis,

ce n’est pas facile, mais cela nous conduit à nous interroger sur les moyens que nous
utilisons pour y arriver. Au fond, il nous est proposé d’essayer.
4) Essayer, cela veut dire que nous préparons notre cœur à regarder l’autre
autrement.

5) enfin pour terminer , L’essentiel me semble-t-il, c’est que ces paroles impossibles qui
font la trame de l’Évangile feront aussi leur chemin non seulement dans notre tête , mais
aussi dans notre cœur.
C’est de cette façon que nous laisserons le Christ évangéliser nos propres actions , nos
propres pensées au plus profond de nous mêmes .
Amen

 

Annonces pour la semaine du 23 février 2025

 

 

 

Mardi 25 février

  • À 14h Agapè animation :Projection d’un film
  • A 19h CP

Jeudi 27 février

  • A 10h, réunion pour le  planning des cultes
  • A 15h culte au Refuge
  • A 20h30 répétition de la chorale

 

Dimanche 2 mars

  • A 10h30, Culte  à Rouvière

 

Dimanche 9 mars

  • Culte + assemblée générale de la paroisse.

 

 

 

 

 

 

.

 

Contact