Culte de Pâques du 20 avril 2025

Méditation du pasteur Mino RANDRIAMANANTENA

Lettre aux Colossiens ch 3, v.1-4

Jean ch 20, v.1-9 

 

 

 

Textes bibliques :

Lettre aux Colossiens ch.3, v.1-4 : Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu. 2 Affectionnez-vous aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre. 3 Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. 4 Quand Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire.

Évangile de Jean ch.20, v.1-9 : Et le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vint le matin au sépulcre, comme il faisait encore nuit ; et elle voit la pierre ôtée du sépulcre. 2 Elle court donc, et vient vers Simon Pierre et vers l’autre disciple que Jésus aimait, et elle leur dit : On a enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où on l’a mis. 3 Pierre donc sortit, et l’autre disciple, et ils s’en allèrent au sépulcre. 4 Et ils couraient les deux ensemble ; et l’autre disciple courut en avant plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre ; 5 et s’étant baissé, il vit les linges à terre ; cependant il n’y entra pas. 6 Simon Pierre donc, qui le suivait, arrive ; et il entra dans le sépulcre ; et il vit les bandes à terre, 7 et le suaire, qui avait été sur la tête de Jésus, et qui n’était pas avec les bandes, mais plié en un lieu à part. 8 Alors donc l’autre disciple aussi, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra, et il vit, et crut ; 9 car ils ne connaissaient pas encore l’écriture, qu’il devait ressusciter d’entre les morts. 10 Les disciples s’en retournèrent donc chez eux.

Prédication :

Le 16 juillet 1944, Dietrich Bonhoeffer, le théologien protestant allemand et résistant au nazisme, écrivait : « Devant Dieu et avec Dieu, nous vison sans Dieu » (Résistance et soumission 1973 p.167). Nous côtoyons des guerres, des bombardements, de la barbarie, de la haine, de la violence. Nos Églises ne sont pas toujours épargnées. Dans ce contexte, pourquoi et comment continuer à espérer ?

Les disciples de Jésus étaient dans le deuil, après la violence faite à leur Maître. Deuil d’un passé riche et rayonnant, deuil de nombreux projets, deuil de leur maître. Il existe différentes manières de vivre le deuil.

Le passage de l’évangile de Jean, que nous venons de lire et d’écouter, nous raconte deux manières différentes de vivre le deuil face au tombeau vide.

Tout d’abord, celle de Marie.

Marie voit (βλέπω) la pierre qui est ôtée du sépulcre (v.1). Cela suscite en elle de l’émotion. Elle court raconter que le corps du Seigneur a été enlevé, ce qui est un malentendu. La vue émotionnelle ne prend pas toujours le temps de réfléchir. Elle peut souvent prêter au malentendu. Dans l’émotion, Marie tente de donner une explication hâtive à ce qu’elle a vu. L’émotion peut facilement nous entraîner dans le piège de la banalité du mal. Selon la philosophe allemande Hannah Arendt, la banalité du mal nous surprend lorsque nous ne prenons pas suffisamment le temps d’analyser et de réfléchir (Eichmann à Jérusalem). Dans ce sens, la prière peut nous aider à prendre du recul.

La foi comprend des émotions. Mais la foi est beaucoup plus que les émotions.

Le texte parle ensuite de Pierre.

Pierre voit aussi, mais autrement que Marie. Notre récit raconte qu’il entre dans le tombeau et voit : c’est le verbe « observer » (θεωρέω) qui est le mieux approprié ici, avec l’idée d’étudier, d’analyser. Le mot grec choisi par l’auteur a donné le mot français « théorie ». Le chapitre 20 du livre I des Essais de Michel Montaigne s’intitule « Que philosopher, c’est apprendre à mourir ». On peut entendre par là que la réflexion donne le courage, non pas de vaincre la mort, mais de prendre conscience de notre finitude Cela peut nous aider dans le deuil. Face au tombeau vide, Pierre voit avec son intelligence. Il observe : les bandes sont par terre. Et le suaire, que Jésus avait sur la tête, est plié à part, bien rangé avec soin. Les objets liés à la mort du Maître sont là.

Mais Pierre ne voit pas au-delà de son intelligence. Nous pensons parfois que la connaissance aide à mieux comprendre notre situation, et permet de vaincre ou surmonter tout ce qui est mortifère en nous. Nous espérons que l’intelligence donne un sens au mal et à la souffrance que nous subissons. Certes, la vue intellectuelle peut en effet apporter des éclairages, si nous cherchons à comprendre comment les choses sont faites. En revanche, notre connaissance intellectuelle ne répond pas à la question du sens, du pourquoi.

Comment vivre la tension entre les émotions et la raison ?

Les émotions (comme celle de Marie), d’un côté, et l’intelligence (comme celle de Pierre), de l’autre, peuvent parfois conduire à des points de vue différents, voire contradictoire. Cela peut nous amener à juger les autres. Les points de vue opposés peuvent générer des dissensions, des conflits, des divisions. Comment dépasser et surmonter de telles situations ?

Dans notre texte, une troisième voie est proposée par l’autre disciple.

En effet, ce dernier ne juge ni Marie, ni Pierre. Il passe lui-même par ces deux stades. Il voit d’abord comme Marie, avec ses émotions. Si bien qu’il n’entre pas tout de suite dans le tombeau. On peut entendre qu’il prend le temps d’un retour sur soi, pour ne pas se laisser submerger par les émotions. Ensuite, comme Pierre, il voit les bandes par terre, et le suaire bien rangé.

Mais il va plus loin dans sa démarche. Le texte dit : « Il voit, et il croit » (v.8).

Qu’est-ce qu’il croit ?

Le texte reste muet sur cette question. C’est comme si le croire de Jean n’a pas d’objet, pas de contenu. Ou plutôt qu’il ne faut pas le traduire dans le sens de croire que quelque chose est vraie. Non, dans l’évangile de Jean, croire signifie plutôt « demeurer en Christ », ou plus exactement demeurer attaché dans une relation personnelle avec le Christ, comme le sarment est attaché au cep. Et cet attachement continue, même en l’absence du Christ. La foi fait confiance, malgré l’absence. Elle espère la présence de Dieu. Elle est un courage d’être dans le monde, sans être de ce monde. Elle ressuscite. L’attachement au Christ, Parole vivante de Dieu, nous fait vivre et nourrit notre confiance dans la vie qui naît de l’amour de Dieu. L’autre disciple accepte la confiance que lui portait son Maître. Voilà la source de son courage, comme le dit la citation attribuée au théologien allemand Adolf von Harnack : « Rien ne donne plus de courage à quelqu’un que la confiance qu’on lui porte. »

La lettre aux Colossiens déclare que nous sommes ressuscités avec le Christ (ch.3, v.1).

Notre vie est cachée en Dieu avec lui. Quand il est placé au centre de la vie communautaire, nous évitons les rapports de domination ou de manipulation, comme le dit Dietrich Bonhoeffer : « Sans le Christ, c’est vraiment la discorde (…) chez les humains entre eux. (…) Il [l’humain] veut gagner et conquérir par tous les moyens ; il presse l’autre ; il veut être irrésistible, il veut dominer » (De la vie communautaire 2007 p.28 et 36). Comme le dit le sociologue Edgar Morin : « Le grand remplacement est celui des idées humanistes et émancipatrices par les idées suprématistes et xénophobes. » Avec le Christ, le pouvoir devient partagé, dans la collégialité, comme le dit Hannah Arendt dans son livre sur Les origines du totalitarisme.

L’autre disciple a vu et a cru.

Et nous ?

Que croyons-nous ? Face au tombeau vide, devant le désespoir, l’injustice, l’inquiétude, l’angoisse, baisserons-nous les bras ? Courage, la foi nous ressuscite avec le Christ. Elle nous donne le courage d’être enfants de Dieu, comme le Christ, et de vivre avec Dieu dans un monde sans Dieu. Cela nous responsabilise, et fait de nous des instruments de paix, de joie et d’harmonie, dans la société, en famille, et dans cette Église.

Le repas du Christ que nous allons partager symbolise notre engagement dans ce sens.

Que Dieu nous soit en aide.

 

Annonces pour la semaine du 20 avril 2025

 

 

 

Mardi 22 avril

  • À 14h30 Agapè animation : Visite du GAEC « La rive paysanne » Aiguefonde

 

Jeudi 24 avril

  • A 15h Culte au Refuge
  • A 20h30 Répétition de la chorale

Vendredi 25 avril

Musée du Protestantisme : De la Réforme à la laïcité
Fontrieu, 235 hameau la Ramade, 81260 Ferrières, France
  • A 9h30 Conférence « La conception générale du musée et sa conception » Patrick Cabanel
  • A 11h Conférence « De la Réforme à la laïcité… » Michel Miaille

 

  • A 21h Concert d’orgues à l’église de Lacaune  ( Pierre Barthez))
Samedi 26 avril
Musée du Protestantisme : De la Réforme à la laïcité
Fontrieu, 235 hameau la Ramade, 81260 Ferrières, France
  • A 9h30 Conférence « Le statut juridique des protestants de la région au XVIIIème siècle par Jack Thomas
  • A 11h  Conférence « Les grands patrons dans le mazamétain » C-L Raynaud

Dimanche 27 avril

  • A 10h30 Culte  au temple Saint Jacques à Mazamet.

 

 

Musée du protestantisme

 

 

 

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