Culte du 24 novembre 2024-

Méditation du pasteur Jean-Louis Prunier

Jean 18,33-37 

Je me souviens qu’au temps où j’étais pasteur à Bagnols sur Cèze, j’allais souvent à
Uzès, capitale de la Gardonnenque, au nord de Nîmes. A l’entrée de la ville un collège se
nommait fièrement « Collège du Christ Roi ». Ce titre m’interloquait. « Christ Roi » ? Roi
comment, et de qui ?
Et je repensais à Jésus, fils de David, monté sur un petit âne comme les rois juifs
d’antan, entrant triomphalement à Jérusalem le jour des Rameaux. Je pensais aussi à ces mots
de Dieu, dans le premier livre de Samuel, alors que les juifs veulent un roi : « Ecoute la voix
du peuple en tout ce qu’ils diront, ce n’est pas toi qu’ils repoussent, c’est moi. Ils ne veulent
plus que je règne sur eux. » (1S 7, 7). Qui est roi de qui ?

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Ce texte de Jean est un chef d’œuvre d’ambiguïtés. Le roi, visiblement, n’a pas la
même définition pour Pilate et pour Jésus. J’ai regardé sur Wikipédia la définition de la
royauté. Or le premier critère d’une royauté, c’est le fait d’être légitimée par une divinité.
C’est valable pour les rois de France, sacrés dans la cathédrale de Reims. C’est valable pour le
Pharaon, roi des Egyptiens antiques, fils du dieu soleil. C’est valable pour Tibère, fils adoptif
d’Auguste et Empereur des Romains, donc de Pilate, établi par un de ses dieux sur les
humains, et divinisé lui-même.
Dans ce cas, la royauté est une vraie théocratie, où Dieu règle par l’intermédiaire
supposée du roi. Nous en avons un exemple très typique à l’heure actuelle en Iran, où les
ayatollahs se prétendent les envoyés du Dieu des Musulmans (qui est aussi le nôtre) pour
martyriser leur peuple, comme Louis XIV et les Jésuites l’avaient fait, au 18 e siècle, pour le
peuple protestant français.
Dans une théocratie, la vérité de Dieu est bafouée par le désir de puissance d’un
homme ou d’un groupe humain. On en retrouve des traces dans le régime du dictateur de
Turquie, de celui de Russie, et même de celui des Etats Unis. En Afganistan, le monarque se
cache pour ne pas être assassiné par la famille d’une de ses victimes. Il n’y a pas de régime
politique pire que la théocratie, car la voix de Dieu est irréfutable, et le roi manipule l’image
de Dieu véhiculée par la cuture ambiante pour satisfaire ses phantasmes de toute puissance.
Quant à Pilate, pour qui le roi est, par définition, son Empereur, son regard sur Jésus
est donc méprisant : « Toi, un roi ? Et le roi des juifs en plus ? » Pour Pilate cela n’a aucun
sens, sinon la dérisoire manifestation d’un petit peuple minable du Moyen Orient qui prétend
n’avoir qu’un seul dieu, le leur.

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En fait, pour Pilate, la question ne se posait même pas. En effet, s’il avait cru un
instant que Jésus puise être un roi des juifs selon sa définition de la royauté, Jésus aurait déjà
été crucifié depuis longtemps. Les Romains ne supportaient aucune autre autorité que la leur
sur les pays conquis.
En revanche, pour ses disciples, la question s’est posée. Les juifs de ce temps-là,
occupés par les Romains païens depuis trop longtemps, appelaient de leurs vœux et de leurs
prières la venue du Messie promis, qui soit à la fois chef religieux et chef politique. Les
Romains avaient placé Hérode à la tête du pouvoir politique. Or Hérode n’était pas juif, il

était illégitimement roi des juifs. Et le Grand Prêtre Anne, lui non plus, n’était pas légitime, il
n’appartenait pas à la descendance de Sadoc, le premier grand prêtre. Le messie devait pendre
ces deux pouvoirs, et rétablir le pays et le temple dans sa légitimité.
Les apôtres croyaient, jusqu’au bout, que Jésus était ce messie. IL a fallu que Jésus
meurt misérablement, condamné par le pouvoir religieux, exécuté par le pouvoir politique,
pour qu’ils comprennent enfin, que Jésus n’était pas le messie tel qu’ils le voulaient. Le zélote
Judas ne l’a pas accepté, et a trahit Jésus, se sentant lui-même trahit.

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Pour Jésus, la définition du roi est différente, et beaucoup moins facile à cerner. Jésus,
déjà dans le Prologue de l’évangile de Jean, est Parole de Dieu, envoyé de Dieu, donc adoubé
par le seul, l’unique Dieu des juifs, opposé aux multiples divinités romaines. Jésus est donc
bien roi pour les juifs, même s’ils ne le reconnaissent pas tel. Mais Jésus ajoute : « Ma royauté
n’est pas de ce monde. » Où se trouve-t-elle alors, cette royauté ? Dans le royaume d’au-delà
des apparences ? Dans un avenir eschatologique, c’est-à-dire à la fin des temps ? Dimanche
dernier, le texte du jour, la « petite apocalypse » de Marc, parlait du retour de Jésus, sur son
trône royal : « Alors on verra le Fils de l’homme venir, entouré de nuées, dans la plénitude et
dans la gloire. Alors il enverra ses anges et, des quatre vents, de l’extrémité de la terre à
l’extrémité du ciel, il rassemblera ses élus. »
Oui, Jésus est bien roi, intronisé par Dieu pour régner sur les juifs et tous les humains.

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Revenons à la définition de ce qu’est un roi. Adoubé par un dieu, le roi doit donner à
ses vassaux le bien être, la sécurité, la justice, d’abord. Jésus roi, lui, est témoin de la vérité.
La royauté de Jésus est donc différente d’une quelconque royauté humaine. Elle ne s’adresse
plus à l’humanité, mais à l’être humain dans son identité individuelle, dans son intime
intériorité et dans son histoire. Chacun de nous peut dire, s’il y croit : « Jésus est MON roi ».
J’ai lu récemment la biographie du missionnaire Hudson Taylor, qui, à la tête d’une
armée de missionnaires aussi convaincus que lui, a évangélisé l’Empire du Milieu, la Chine,
au 19 e siècle. Lui, le grand missionnaire, ne se présentait que comme un frêle individu, un
simple vassal du Christ, à qui il obéissait en prenant ses ordres dans les évangiles et la prière.
Il avait une telle confiance en Christ qu’il en obtenait tout ce qui lui était nécessaire. Je le
cite : « Je n’ai pas la moindre idée de la manière dont j’irai en Chine, mais je sais que j’irai.
Dieu m’appelle à cette œuvre ; il m’en fournira les moyens. Je ne possède rien, ni aucune
espérance, financièrement parlant … Mon Père qui est dans les cieux sait ce qui vaut le mieux
pour moi. Il ne me refuse aucun bien ; je dois vivre par la foi, m’attacher à la foi, la foi toute
simple. Elle arrangera tout. »

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C’est ça la foi. Il y a là, en tous cas, la vraie définition, pour chacun de nous, de ce
qu’est la royauté de Jésus. Jésus le Christ est le roi de notre conscience, de notre foi, de notre
comportement, de notre vie toute entière. Il ne nous apporte ni bien être, ni sécurité, ni justice
humaine, mais la vérité, la vérité sur Dieu, son Père. Grâce à notre roi Christ, nous savons que
le Dieu des évangiles n’est plus le Dieu terrible de l’Ancien Testament, mais le Dieu Père de
tous, le Dieu bon et aimant, le Dieu qui pardonne nos fautes, le Dieu qui ne demande qu’une

chose, qu’on croit en lui et qu’on l’aime de tout notre cœur. Comment pourrait-on refuser de
croire en un tel Dieu, alors qu’il nous envoie un tel témoin de sa vérité ? un roi qui, par sa
naissance prochaine, sa vie racontée dans les évangiles, sa mort sur la croix, et sa résurrection
qui nous donne à tous le plus merveilleux des avenirs ? Croyons en Christ, mes frères, mes
sœurs, le roi de notre existence terrestre et céleste, et croyons en Dieu, le maître de notre vie
actuelle et éternelle.

Amen

Annonces pour la semaine du  24 novembre 2024

 

 

Mardi 26 novembre

  • à 14h30 Agapè Animation : Les mouvements migratoires italiens par Sylvie BATUT

Mercredi 27 novembre

  • à 14h30 Réunion préparatoire pour la  veillée Noël à Rouvière
  • à 18h00 Conférence au musée du protestantisme :  » De la Réforme à la laïcité »

 

Jeudi 28 octobre

  • à 15h Culte au Refuge
  • à 14h Préparation des Oreillettes à la Tourette
  • à 20h30  Répétition de la chorale à Rouvière

 

Vendredi 29 novembre

  • à 20h30 Migrant scène (La Cimade) au Palais des Congrès de Mazamet.

Dimanche 1 décembre

  • Journée d’Hiver : Bout-du-Pont-de-Larn salle polyvalente Louis Donnadieu
  • Ouverture des Stands à 9h
  • Culte à 11h

Mercredi 4 décembre

  • à 18h  » Cheminons vers Noël en chanson  » à Rouvière.

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

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