Culte du 29 septembre 2024 Kermesse de Labastide Rouairoux

Méditation du pasteur Jean-Pierre Nizet

Hébreux 11, 1-16

Philippiens 3,20

 

 

 

« Etrangers et voyageurs sur la terre ». Ces quelques mots sont certainement
les plus connus de l’épître aux Hébreux.
Mots qui ont été tirés d’un passage abondamment commenté de l’épître que
certains lisent comme un traité de la foi avec comme clef de lecture ce premier
verset du chapitre 11 : « La foi est une manière d’obtenir déjà ce qu’on espère,
un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas ».
La foi selon l’auteur de l’épître, malgré les épreuves, malgré le mal qui nous
abîme, malgré les forces de mort qui nous entoure, est avant toute chose une
marche vers l’avenir, une migration vers le futur, un élan vers, une confiance
dans l’Amour de l’Être Dieu….
Et dans l’impressionnant défilé des hommes que l’auteur évoque, c’est
certainement le patriarche Abraham qui incarne le mieux cette espérance dans
un monde vers lequel il marche.
Il est la figure même de « l’étranger voyageur sur la terre » qui part vers
l’inconnu porté par la promesse. Exilé par la promesse !
Le texte biblique nous a raconté son voyage.
« Terah prend Abram, son fils, et son petit-fils Lot, fils d’Aran, et Saraï sa belle
fille, femme d’Abram. Ils sortent ensemble d’Ur, située dans l’actuel Irak, et
suivent la route des caravanes qui remonte le long de l’Euphrate, après plus de
mille kilomètres, cette route les conduit à Haran, au sud est de la Turquie
d’aujourd’hui.
Ils y habitent. Terah meurt. Alors qu’Abram s’est installé à Haran, lui est adressé
cette promesse : Va, quitte ton pays, ta patrie, la maison de ton père, va dans le
pays que je monterai. Je ferai de toi une grande nation, et je te bénirai. Je
rendrai grand ton nom et tu seras une source de bénédiction.
Abram prend Saraï, sa femme, et Lot, fils de son frère, et ils partent pour aller
dans le pays de Canaan.
Mais à son arrivée en Canaan Abraham ne se fixe nulle part, il continue son
existence de semi-nomade, il arpente le pays de long en large, Hébron, Sichem,
Mambré, il construit des autels.

Pour l’auteur de l’épître aux hébreux, Abraham se reconnaissant voyageur sur la
terre, a mené une vie nomade en marge de la population. Il a traversé la terre
promise, vivant sous des tentes. « Par la foi, il vint résider en étranger dans la
terre promise » (Hébreux 11.9).
L’auteur de l’épître utilise ici le verbe grec παροίκεω qu’on ne retrouve qu’à
deux seules reprises dans tout le Nouveau Testament. Ce verbe signifie
« séjourner dans un pays comme étranger ».
L’autre occurrence du mot se trouve dans l’évangile de Luc (Lc 24,18) et elle a
pour sujet le Christ ressuscité, ce qui pour nous est riche de sens.
Abraham a donc résidé en terre promise mais sans jamais s’y installer, il n’a
acquis aucune propriété à l’exception du terrain qu’il a acheté pour ensevelir sa
femme Sara. Canaan a été pour lui une terre de passage.
Abraham est la figure même du migrant, du passant.
Selon le rabbin et philosophe André Néher « Il y avait beaucoup de divinités à
Haran, Abraham l’hébreu avait la nostalgie du Dieu unique, Il y avait un peu de
justice dans les lois de l’époque, Abraham voulait toute la justice.
Il y avait beaucoup de réussite matérielle, technique, économique dans la
civilisation de Sumer, Abraham l’hébreu aspirait à l’éthique et à la prière. »
Et André Néher ajoute « Ainsi tout homme devient hébreu s’il accepte de
s’arracher à l’établi, de protester contre les idoles, contre l’injustice

« Ainsi tout homme devient hébreu… »
Or voilà que notre épître nomme ses destinataires : les Hébreux.
Ce titre « Epître aux hébreux » ne fait pas partie du corps du texte, il a été choisi
au moment d’insérer ce texte dans un recueil de plusieurs épîtres.
Le titre est très ancien mais le sens n’est pas clair nous dit la note de la TOB.
L’épître elle-même reste énigmatique puisqu’on ne connaît pas son auteur.
Des noms ont été avancés Barnabas, Apollos, Paul, Luc, Aquilas, Priscille,
Etienne… mais rien n’est moins sûr.

Ses destinataires ? Des judéo-chrétiens habitant la Judée et parlant hébreu ?
Difficile à admettre, le grec de l’épître est très soigné et n’a rien d’un grec de
traduction.
Alors qui sont ces Hébreux ?
Dans une acception plus large, si nous retenons l’étymologie du mot
« Hébreux » « ivri » dans la langue hébraïque, nous découvrons que le terme
renvoie à l’exil, à l’exode, qu’il implique une expérience de passage.
L’hébreu est littéralement celui qui passe d’un monde à l’autre, d’une rive à
l’autre. Pour les rabbins ce terme s’applique avant tout à Abraham puisque
Dieu l’a en quelque sorte pris de l’autre côté du Fleuve (Euphrate). « C’est de
l’autre côté du fleuve qu’ont habité autrefois vos pères » lit-on dans le livre de
Josué (Jos 24,3).
Nous pourrions dire alors que l’épître aux Hébreux est destinée à tous les
chrétiens, juifs ou grecs, qui sont prêts à entendre cette parole : « Soyez des
passants », « Vivez comme des étrangers et des voyageurs sur la terre » en
mémoire d’Abraham et au nom de Jésus Christ le Fils de l’homme qui n’avait pas
de lieu où reposer sa tête.
Alors bien-sûr nous sommes en quelque sorte installés, établis, enracinés,
attachés à nos lieux d’habitation, attachés à des pierres et je pense aussi à nos
temples qui sont porteurs d’une histoire… mais entendons que là ne se joue pas
en tant que chrétien notre identité première.
Notre identité première est vocationnelle, elle se fonde sur Dieu qui nous
appelle comme il l’a appelé Abraham, elle se fonde sur Dieu qui n’est pas une
vérité à posséder mais un chemin à vivre.
Ainsi, notre identité ne pourra jamais se construire sur l’idéologie du sol, de la
nation, de la race. Le slogan « nous sommes chez nous » n’a pas de sens parce
notre père était un araméen nomade.
« Tu prendras encore la parole, et tu diras devant l’Eternel, ton Dieu : Mon père

était un Araméen nomade » Deutéronome 26, 5

Tous nous pouvons être enfants d’Abraham et cette filiation ne sera jamais

généalogique. Jean le Baptiste nous l’a dit : « ne vous avisez pas de dire en vous-

mêmes, nous avons pour père Abraham, car je vous le dis de pierres que voici
Dieu peut susciter des enfants à Abraham ». Matthieu3 ,9
Nous sommes enfants d’Abraham lorsque nous faisons preuve d’hospitalité,
souvenons-nous du repas partagé au chêne de Mambré, nous sommes enfants
d’Abraham lorsque nous reconnaissons dans le visage des migrants, des
réfugiés, nos frères et nos sœurs en humanité…
Nous sommes enfants d’Abraham lorsque nous nous reconnaissons étrangers et
voyageurs sur la terre mis en mouvement par une promesse de bénédiction.
« Etrangers et voyageurs sur la terre » ! Rappelons-nous à notre condition
humaine mais surtout à notre vocation : à savoir témoigner où que nous soyons
d’une terre promise et d’une espérance qui se vit au présent.
Comme l’écrit l’auteur de l’épître aux hébreux, nous marchons vers une patrie
céleste dont le Christ a été l’initiateur αρχήγος.
La « patrie céleste », cette expression paradoxale de l’épître aux hébreux et de
l’épître aux Philippiens, nous laisse entendre que nous sommes à la fois de ce
monde et à la fois d’un ailleurs.
Nous sommes citoyens dans la cité terrestre, citoyens de ce monde, citoyens
français pour la plupart d’entre nous mais nous sommes aussi citoyens d’une
cité céleste qui nous attend et qui demeure pour nous comme la vision de la
terre promise.
Au milieu des difficultés et des angoisses du temps présent, cette ville nous dit
que l’histoire a un sens, que Dieu a un projet.
Cette vision est là pour nous aider à sortir comme Abraham du domaine
protégé où nous résidons parfois, elle est là pour nous conduire vers autrui et
être pour tous une source de bénédiction.

Pasteur Jean-Pierre Nizet

Annonces pour la semaine du  29 septembre 2024

 

Naissance de la petite fille de Fidy!

La semaine dernière, ont eu lieu les obsèques de  Monsieur Robert Amalric.

Mardi 1 octobre

  • à 14h30  Agapè Animation: Présentation « Cloches et Clochers de MAZAMET »
    Intervenants : Jean-Pierre CARME (carillonneur de Castres, titulaire du carillon de l’Eglise de
    la Platé), Philippe CALS, musicien routinier.

 

Jeudi 3 octobre

  • à 15h00 Culte au Refuge
  • à 18h30 réunion  bureau CP

 

Samedi 5 octobre

  • à 18h00 Réveil à la foi

 

Dimanche 6 octobre

  • Culte à 10h30 au Temple St Jacques

 

 

Dimanche 13 octobre

  • A 10h30, culte  au temple St Jacques
  • Vente de brioche après le culte :  » Pour vous, ce n’est qu’une brioche… pour les associations Unapei c’est un soutien pour améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap. Alors, n’hésitez plus et, en octobre, cédez à la gourmandise solidaire. »

 

 

 

Au  musée de Ferrière

  • Du 29 juin au 6 octobre: Exposition artistique exceptionnelle de Jean-Michel Coulon  » L’Appel de la Lumière ».  (Rétrospective à l’occasion des 10 ans de la disparition de l’artiste

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

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